基本説明
À qui pense qu'on n'a plus grand-chose à voir ni à apprendre des peintures de Claude Monet, trop vues, trop interprétées, le court récit de Stéphane Lambert démontre le contraire. Il se donne à lire comme une tentative de regarder l'œuvre du peintre de Giverny depuis notre présent tragique : celui d'une « ère nucléarisée », d'un « champ de ruines à l'approche d'un possible anéantissement », d'un « après-paysage ». Dès lors, peut-être pourrons-nous entrevoir « dans la noirceur d'autres nuances que pure noirceur ».
À l'image de la salle ovale du musée parisien de l'Orangerie où se trouvent les Nymphéas, le récit a une dimension circulaire, non-linéaire. C'est en son milieu que tout commence, alors qu'est racontée une matinée à la fondation Beyeler, dans les faubourgs de Bâle, où l'idée est venue à l'écrivain d'écrire sur le mystère des tourbillons de couleurs peints par Claude Monet. Après quoi, il se rendra au « sanctuaire » de l'Orangerie, où son regard finira par se perdre « dans ce vaste dépôt hors de soi d'un fond de l'être prenant forme dans une matérialité incertaine et floue », dans un « gouffre lumineux », où les repères ordinaires qui apprivoisent le temps et l'espace sont abolis...
L'Adieu au paysage relate ainsi un vertige devant le « paysage imprenable » des Nymphéas, devant la matière rendue à son essence brumeuse, tourbillonnante, fuyante.