基本説明
" Monstres et compagnie "
Le dossier évoque des figures monstrueuses aussi diverses que la bête du Gévaudan, la mandragore, la procession des cent démons des rouleaux japonais, ou encore le Frankenstein de Mary Shelley et sa postérité cinématographique, questionnant leur inscription dans notre vie culturelle et sociale, l'homme vivant " en compagnie des monstres ".
Depuis l'Antiquité, les monstres ont suscité un intérêt intense empreint de fascination et de crainte : apparenté soit à la bête, soit aux races exotiques, voire à l'homme primitif, soit encore au diable dans l'iconographie chrétienne, il symbolise l'Autre, l'inconnu, par excellence.
On peut ainsi s'interroger avec l'anthropologue Jean-Jacques Courtine sur l'histoire de notre rapport au corps " anormal ", qui devient très rapidement un objet de divertissement et d'exhibition, avant de réintégrer l'ordre humain grâce à la tératologie, la " science des monstres ".
Si celle-ci réhabilite les monstres physiques, les monstres moraux, façonnés par l'imaginaire des sociétés, n'ont pas fini de terrifier et de fasciner, tel Lacenaire, criminel d'un genre nouveau qui n'hésite pas à se mettre en scène. Déjà, Cicéron, dans ses discours, faisait du corps " monstrueux " de ses ennemis politiques le reflet de leur âme corrompue. Une figure de style réutilisée par la presse satirique de la Première Guerre mondiale qui peindra l'ennemi allemand sous l'apparence du monstre, multipliant les références bibliques et mythologiques.
Le dossier montre à quel point la représentation du monstre s'inscrit dans notre imaginaire social et notre mémoire collective. Sa présence, ancestrale, semble loin de s'effacer...