基本説明
Revenir sur les migrations, encore et toujours. Travail crucial en temps d'instrumentalisation criminelle des craintes suscitées par ces « autres » qui arrivent. Temps où, en Italie, ce mois de septembre 2019, les défenseurs de Matteo Salvini se mobilisent contre un nouveau gouvernement qui acceptera « l'invasion » et préparent une « grande journée de la fierté italienne » le 19 octobre. Temps des incessants bégaiements du même, temps des oublis aussi. Oublis des constants déplacements des humains à la surface du globe, des micro-déplacements de villages à villages aux longues migrations transatlantiques. Oublis des conditions de construction des cadres nationaux et des rejeux des formes des appartenances et des identités. Les travaux des sociologues, des géographes, des historiens ont beau se multiplier depuis plusieurs décennies, le développement des savoirs vient buter sur un contexte de luttes économiques tues sur un socle de passions identitaires, qui conduit à faire à nouveau du rejet des immigrants un moteur des politiques de nombreux États, en Europe et au-delà. Cela est connu, trop connu. La Méditerranée, grand cimetière africain, le plus grand cimetière de migrants au monde, 30 000 morts depuis 1990 selon l'ONG United against racism, nous nous devons de tristement répéter ces réalités monstrueuses en ouvrant ce numéro des Cahiers d'histoire qui nous parle d'Italie, de cette « botte » immergée en Méditerranée1. Nous devons le répéter en cette année qui célèbre la gloire d'un grand migrant de la Péninsule, savant, peintre, dont l'humanité tout entière s'approprie aujourd'hui les oeuvres, devenues « patrimoine » pour l'humanité.