基本説明
Liminaire « Il y a des choses qui font que le monde est immonde [...] c'est de ça que s'occupent les analystes », déclare Lacan lors du congrès de Rome en novembre 1974, intitulé « La troisième ». Il dira aussi qu'ils ont en chargece qui ne marche pas et qu'il nomme le réel. Avant lui, Freud soulignait que la psychanalyse faisait partie du malaise de la civilisation. Le dossier de cette Revue ouvre sur ce titre « Le psychanalyste dans le monde - Pour une relecture du Malaise dans la civilisation », thème des journées 2015 de l'EPFCL-France. Il n'aura pas échappé aux auteurs des différents textes prononcés lors de ces journées que la psychanalyse est particulièrement concernée par ce que Freud appelle malaise. Selon Lacan, il n'y a pas d'autre malaise dans la culture que le malaise du désir1. Il y a donc un malaise intrinsèque à la condition humaine, c'est-à-dire au parlêtre puisque c'est par le langage que l'homme se distingue de l'animal. « L'être parlant est un animal malade [...] ravagé par le verbe2. » Mais si la psychanalyse peut avoir des effets au un par un, dans le cadre d'une cure, il n'en va pas de même sur la société. Pourtant, il ne s'agit pas non plus de s'estimer quitte car « savoir y faire avec son symptôme » formule ce que le parlêtre tente de soutenir au terme d'une analyse pour vivre avec les autres, c'est-à-dire en société, fût-ce au prix d'un symptôme qui isole mais fait lien. En ce sens, l'analyste, même si sa position requiert ascèse, ne peut ignorer le monde et la « subjectivité de son époque3 ». D'autres s'y frottent, et sacrément, au monde et au malaise. Nous pensons à certains artistes et notamment à Pier Paolo Pasolini pris corps et âme dans son engagement artistique et politique.