基本説明
Mémorialiste, revuiste, diariste, épistolier, maître de l'entretien journalistique, le peintre Jean Hélion (1904-1987) a beaucoup écrit. On connaît de lui They Shall Not Have Me, récit de ses 21 mois de captivité durant la Seconde Guerre mondiale, paru à New York en 1943, ses cahiers et ses carnets publiés chez Maeght en 1992 (Journal d'un peintre. Carnets 1929-1962), ainsi que sa méditation sur l'œuvre inachevée ou abandonnée, Mémoire de la chambre jaune, publié par l'École nationale supérieure des beaux-arts en 1994. Deux ans plus tard paraissaient aux éditions de l'IMEC un texte autobiographique, À perte de vue, et la correspondance échangée avec Raymond Queneau (Lettres d'Amérique, 1937-1967).
Il faut noter qu'à l'exception de They Shall Not Have Me, ces ouvrages sont posthumes. Néanmoins, les reprises, les corrections et quelques phrases explicites qui émaillent les carnets montrent qu'Hélion souhaitait que son journal soit connu. Le lecteur est vite convaincu que cette activité scripturaire – et aujourd'hui éditoriale – constitue, par rapport à l'œuvre peinte, bien plus qu'une activité d'appoint ou une sorte de plus-value littéraire propre à la magnifier. L'écriture d'Hélion, par sa constance, sa maîtrise et sa modestie, par son sens de la formule et sa manière de s'adresser directement au lecteur, par l'insertion de sa pensée dans le cours du travail quotidien et dans celui du monde, par l'âpreté de ses critiques sur son métier et sur celui de ses confrères, constitue bel et bien une œuvre autonome qui n'est, au regard de la peinture, ni majeure ni mineure.