基本説明
La chronique des Lundis de Delfeil de Ton, publiés dans l'Obs chaque semaine entre 1975 et 2020, restera probablement l'un des écrits les plus significatifs pour comprendre ces décennies-là et la façon dont on en est arrivés à notre époque, car la sensibilité de DDT et de l'équipe d'Hara Kiri est toujours la nôtre, et ce dont il se moquait il y a quarante ans est de la même substance que ce qui nous révolte ou nous dégoûte aujourd'hui. Au-delà des grands sujets de ces années 1982-1983, comme les dictatures militaire en Pologne ou religieuse en Iran, l'arrestation de Klaus Barbie, la ridicule guerre des îles Malouines, ou (plus oublié) les faux carnets intimes d'Hitler mis à la Une par Paris-Match ; il y a aussi ces petits faits de société que Delfeil est toujours le premier à remarquer : par exemple, après la victoire de Mitterrand, la Droite cesse de s'appeler la Droite et se fait appeler « l'opposition ». La Gauche a le tort de suivre le mouvement et de se dénommer « la majorité » alors que dixit Delfeil, « le contraire de l'opposition, c'est le pouvoir ». Grand contempteur de la censure, Delfeil assiste désolé à la transformation des « radios libres » en « radios privées », et voit d'un œil suspicieux la première loi « antisexiste » d'Yvette Roudy : cette ministre, comme image dégradante de la Femme qu'elle ne voudrait plus voir dans l'espace public, prend en exemple la photo du dernier disque de Grace Jones. C'est mal barré. Entre maladresses et compromissions, la gauche est vite devenue pour Delfeil un objet de dérision presque semblable aux années Giscard (Robert Badinter étant à peu près le seul à échapper à son couperet).