基本説明
Le livre examine la façon dont les débats des théologiens médiévaux entre le XIIe et le XVIe siècle sur la possibilité d'excuser l'erreur en matière de foi a posé les conditions intellectuelles pour penser la tolérance religieuse. Si la tolérance religieuse n'apparaît qu'à l'époque moderne, en raison notamment des conflits religieux résultant de la Réforme protestante, le concept même a été rendu théoriquement possible par un ensemble de débats médiévaux sous-estimés, voire ignorés. L'enjeu est de comprendre comment, dans le cadre d'une religion exclusiviste (le christianisme médiéval) qui refuse tout salut en dehors de l'Église et qui lie le salut à l'adhésion à une vérité dont l'institution ecclésiale est la garante, il est possible de rendre compte, voire d'autoriser, la déviance religieuse. Or, c'est précisément quand le lien entre vérité et salut est suspendu que la tolérance religieuse et la liberté de conscience deviennent théoriquement pensables. Pour le montrer l'ouvrage examine comment les débats sur l'excuse du péché (en particulier du péché d'infidélité) en situation d'ignorance invincible, et sur l'obligation de suivre les commandements d'une conscience morale qui se trompe, ont conduit à cette situation où le salut devient possible même en se trompant. Deux études de cas (le traitement de l'hérésie et de l'idolâtrie) permettent de montrer comment ces deux concepts (ignorance invincible et conscience erronée) sont utilisés pour rendre compte du problème de l'hétérodoxie. De la sorte sont mises au jour les transformations médiévales qui rendent possible l'apparition de l'idée moderne de religion, et de tolérance qui l'accompagne.