基本説明
Pierre Boulez (1925-2016) découvre le travail de Paul Klee (1879-1940) en 1947, lors de l'exposition organisé par Christian Zervos pour le premier festival d'Avignon. Profondément saisi, il commence à penser sa pratique en regard de ce peintre, dans une recherche qui aboutira à la rédaction de cet essai que Paule Thévenin qualifie de « texte le plus chaleureux, le plus fraternel qui ait jamais été écrit sur un créateur par un autre créateur ». Si Paul Klee possédait une remarquable formation musicale et se passionnait pour la musique, ce n'est pas ce point ni la possibilité de traduire une pratique artistique vers une autre qui retiennent Pierre Boulez – il sait trop le leurre d'une telle transposition, qu'il rejette d'emblée. La fécondité qu'il touche à travers l'œuvre de Klee se manifeste d'abord par la reconnaissance d'une intelligence, d'un pouvoir de déduction et d'imagination, d'une approche analytique et théorique en laquelle il se reconnaît, qui tend avant tout à trouver des solutions à des problèmes de création, à développer des approches nouvelles de la composition – qu'elles soient picturales ou musicales – sans pour autant établir des correspondances exactes entre ces disciplines hétérogènes. Cela aboutit à cette réflexion, à ce dialogue en « pays fertile » entre l'un des plus grands peintres et l'un des plus grands compositeurs du XXe siècle.