基本説明
Quoi de commun entre Place des héros (1988) de Thomas Bernhard et Krach (2013) de Philippe Malone, entre Les Idiots (1997) de Claudine Galea et Promenades (2003) de Noëlle Renaude, entre Après la pluie (1993) de Sergi Belbel et Pulvérisés (2009) d'Alexandra Badea ? Toutes mettent en scène « des hommes qui tombent », pour reprendre le titre d'une pièce de Marion Aubert ; toutes mettent en scène des « hommes dégringolés », pour reprendre le titre d'une pièce de Christophe Huysman. Toutes suggèrent que, depuis les années 1980, le théâtre est hanté par la chute.
L'expérience pourrait être banale : qui n'a jamais raté une marche, glissé sur une plaque de verglas, perdu l'équilibre, cédé à la pesanteur qui invariablement nous entraîne vers le sol ? Mais elle ne l'est pas car cette physique est aussi une métaphysique. C'est qu'elle charrie un imaginaire où se confondent, de manière presque indiscernable, doctrine biblique – selon laquelle est exclu du paradis céleste le pêcheur projeté vers l'enfer terrestre – et philosophie platonicienne – selon laquelle l'âme « ayant joué de malchance, gorgée d'oubli et de perversion », s'incarne en tombant. Dans la chute à laquelle nous sommes toutes et tous exposés, se rejoue immanquablement la Chute – événement qui, selon Cioran, inaugure l'Histoire, du moins dans la tradition occidentale.Représentant crashs (F. Richter, J.-R. Lemoine) et défenestrations (A. Jacob, W. Mouawad), sauts depuis un pont (A. Badea, O. Sylvestre), une falaise (A. Allais, S. Diard) ou un immeuble (J. H. Khemiri, G.